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Activités scientifiques extra-universitaires
Les années d'après-guerre furent fécondes comme celles d'avant-guerre. Son enseignement et sa production scientifique n'avaient jamais occupé toute l'activité intellectuelle d'Henri Pirenne. Depuis longtemps, il prenait part aux travaux de l'Académie royale de Belgique, dont il était devenu correspondant en 1898, membre titulaire en 1903. Il donna plus de lui-même encore à la Commission royale d'Histoire dont il devint membre en 1891, secrétaire en 1907; en cette dernière qualité, il assura en fait jusqu'à sa mort la direction des publications de cet organisme. Il édita et commenta plusieurs textes dans son Bulletin et dans ses collections ; c'est à son initiative qu'elle entreprit la série nouvelle des « Actes des princes belges ». Il consacra un important aperçu historique à l'activité de la Commission lors de son centenaire : « La Commission royale d'Histoire depuis sa fondation », dans La Commission royale d'Histoire. 1834-1934. Livre jubilaire, Bruxelles, 1934. Après la guerre, le champ des activités de Pirenne au service de la science historique et de la vie scientifique devint plus large que par le passé. Il joua un rôle capital dans la constitution des patrimoines universitaires et dans la création de la Fon¬dation Universitaire, dont il fut membre du Conseil d'administration de 1920 à 1926 et vice-président de 1926 à 1930. Quand, à la suite du discours mémorable prononcé à Seraing par le roi Albert, les bases du Fonds National de la Recherche Scientifique furent jetées en 1927, Pirenne fut membre et du Comité de propagande et de la Commission spéciale de constitution ; il présida la Commission d'histoire du F. N. R. S., de 1928 à 1935. Ces Organismes, qui rendirent possible en Belgique une vie scientifique digne de ce nom, plaisaient à Pirenne parce qu'ils étaient en état d'exercer leur action en dehors des influences politiques et de la routine bureaucratique. Sur le plan international, l'activité de Pirenne ne fut pas moins considérable. Il joua un rôle important à l'Union académique internationale et c'est à son initiative que celle-ci entreprit la préparation d'un nouveau Du Cange ; il ne vécut heureusement pas assez longtemps pour en voir les premières réalisations, qui l'eussent fort déçu. Il présida le Ve Congrès international des Sciences historiques à Bruxelles en 1923 et prononça un discours d'ouverture « De la méthode comparative en histoire » (dans G. Des Marez et F.-L. Ganshof, Compte rendu du Ve Congrès international des Sciences historiques, Bruxelles, 1923), qui contient un passage admirable sur le devoir d'objectivité de l'historien. Il prit part au VIe Congrès, à Oslo, et fit, à la séance d'ouverture, un exposé sensationnel sur « L'expansion de l'Islam et le commencement du moyen âge » ; celui-ci donna lieu l'après-midi même, dans une séance de travail qui dura plus de trois heures, à des échanges de vues entre quelques-uns des historiens les plus éminents d'Europe et d'Amérique. Un médiéviste allemand répondait à un ami qui lui demandait ce qu'il y avait eu de véritablement important au Congrès d'Oslo : « die Pirenne Schlacht » ; par où il entendait le débat dont il vient d'être question. Le Comité international des Sciences historiques compta Pirenne parmi ses fondateurs (1926) et quelque temps parmi ses dirigeants. On ne peut songer à énumérer les autres organismes nationaux et internationaux à la vie desquels Pirenne fut mêlé. Il faut par contre rappeler qu'il voyait un danger dans la multiplication de ces institutions : il craignait par dessus tout la création d'une administration de l'histoire et la constitution d'orthodoxies historiques. Parmi ses activités internationales, on peut, croyons-nous, affirmer que ses préférences allaient aux leçons qu'il fut invité à faire dans bien des universités étrangères, avant et surtout après la guerre : en Europe, en Algérie, en Egypte, aux États-Unis. Pirenne aimait ce contact direct avec ses collègues et avec les étudiants d'autres établissements d'enseignement supérieur que le sien. Ces cours firent tous une impression profonde sur leurs auditeurs. Plusieurs maîtres de l'histoire, en France, évoquent encore aujourd'hui avec plaisir et gratitude les leçons d'une exceptionnelle portée qu'ils reçurent de Pirenne tandis qu'ils étaient eux-mêmes étudiants ou jeunes professeurs à Strasbourg, à Dijon, à Alger, dans telle autre faculté des lettres ou à l'École des Chartes. Au nombre de ces leçons faites à l'étranger, celles qui, de septembre à décembre 1922, eurent pour cadre neuf universités américaines ont droit à une place toute spéciale : elles furent pour Pirenne l'occasion de tenter une synthèse de ses vues sur l'histoire urbaine en Europe occidentale au haut moyen âge. L'Université de Princeton, désireuse d'assurer à cet enseignement un caractère durable, obtint de Pirenne qu'il rédigeât son cours et qu'il confiât à son département d'édition le soin d'en faire traduire le texte en anglais et de le publier. Telle fut l'origine de Medieval Cities. Their origins and the revival of trade, Princeton University Press, 1925. La traduction est, hélas, fort médiocre ; heureusement, Pirenne fit paraître en 1927 le texte original français, amplement remanié, de cet admirable petit volume : Les villes du moyen âge. Essai d'histoire économique et sociale, Bruxelles, 1927. Il en sera question plus loin. Texte de GANSHOF François-Louis : "Pirenne, Henri", in Biographie nationale, Bruxelles, Emile Bruylant, t. 30, 1959, colonnes 680-682. Reproduit avec l'aimable autorisation de
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En bref
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Dernière mise à jour : 8 août 2006