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L'homme et la carrière académique

Henri Laurent saisi pendant le cours d'Institutions du Moyen Âge. Sur le devant du pupitre, l'inscription à la craie "Heil Tatave" fait allusion à Gustave Charlier qui enseignait l'histoire de la littérature française à tous les étudiants de la Faculté de Philosophie et Lettres

Au sortir de la Première Guerre Mondiale, les fonds récoltés aux Etats-Unis pour porter secours à la population civile belge (CRB-Commission for Relief in Belgium) sous l’impulsion d’Emile Francqui et de Herbert Hoover jetèrent les bases d’une véritable organisation de la recherche, avec la création en 1920 de la Fondation Universitaire à Bruxelles et de la Belgian American Educational Foundation (BAEF) à New York, puis en 1928, à l’initiative visionnaire du roi Albert Ier, du Fonds National pour la Recherche Scientifique. 

Dès 1924, l’Université discerna les qualités scientifiques exceptionnelles du jeune diplômé en lui confiant un poste d’Associé CRB à la Faculté de Philosophie et Lettres (1924-1934). Cette fonction offrait une très grande liberté de recherche que le jeune Henri Laurent mit à profit pour sillonner les archives françaises, allemandes et autrichiennes, et se former à l’étranger, en fréquentant dans la plus pure tradition des médiévistes belges, des maîtres français et germaniques.

Son « grand tour » le conduisit successivement à Paris, où il suivit les cours de Ferdinand Lot, de Charles Simiand et d’Henri Hauser, à l’Ecole des Chartes, au Collège de France et à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, durant les années 1924-1927, puis à Vienne, où l’enseignement d’Alphonse Dopsch éveilla son intérêt pour l’histoire économique du Haut Moyen Âge, et enfin à Harvard, en 1928-1929.


« En dehors des dons proprement intellectuels », écrit François-Louis Ganshof, « Henri Laurent en avait reçu d’autres : une sensibilité raffinée, un goût littéraire et artistique sûr, une remarquable aisance de style – en dépit d’une tendance fâcheuse à l’écriture artiste –, un talent de conversation et une finesse d’esprit qui en faisaient un  causeur éblouissant ».

 

Le portrait dressé par son ami Fernand Vercauteren rend compte de l’impossibilité de dissocier en lui l’homme de l’historien :

« Doué d’une vaste culture, d’un goût très sûr pour la littérature et la musique, d’une intelligence extrêmement vive, (il) a toujours fait montre d’une curiosité sans cesse en éveil à l’égard de toutes les manifestations de la pensée. De tous les dons que la nature lui avait si libéralement accordés, celui qui frappait en premier lieu l’interlocuteur d’Henri Laurent, c’était le charme ; il savait plaire et créer autour de lui, par son talent de conversation, une ambiance de sympathie immédiate (…). D’une extrême sociabilité, il aimait à établir des contacts directs et personnels avec les professeurs, les érudits, les hommes de lettres, les artistes dont il admirait la personnalité et les œuvres. Il entretenait avec tous une vaste correspondance, au tour original et volontiers primesautier » [3].

 

À partir de 1928, Henri Laurent fut associé à l’enseignement de l’histoire à l’ULB, en assurant des cours, comme assistant ou comme suppléant, auprès des professeurs Frans Van Kalken, Guillaume Des Marez et Léon Leclère. Nommé chargé de cours en 1934 et professeur ordinaire en 1937, il dispensait en 1940, à la Faculté de Philosophie et Lettres, les cours de Société et institutions du Moyen Âge et d’Exercices historiques (Moyen Âge) en candidature, d’Institutions du Moyen Âge et de Critique historique appliquée à l’histoire du Moyen Âge en licence. Après le décès de Guillaume Des Marez, il enseigna également l’Histoire économique à l’Ecole des Sciences politiques et sociales à partir de 1931. Il professait la même matière à l’Institut supérieur de Commerce d’Anvers depuis 1933. Henri Laurent était « merveilleusement doué pour l’enseignement et plus d’un trait de sa personnalité contribuait à le prédestiner en quelque sorte à la carrière universitaire. Ses leçons, ses causeries, avaient quelque chose de lumineux, de chaleureux, d’attachant », écrit à son propos le Mémorial du Cercle d’Histoire de l’ULB dans un hommage de 1950. Il fut professeur visiteur à l’Institut des Hautes Etudes Internationales de l’Université de Genève en 1936 et à l’Université de Dijon en 1937. L’Académie royale de Belgique lui a décerné le prix Léon Leclère pour la période quinquennale 1927-1932 en 1933, et l’Institut de France le prix Saintour de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres en 1938. 

 

 

Notes

[1] François-Louis Ganshof, « Henri Laurent, 1903-1940 », in Revue belge de Philologie et d’Histoire, t. 20, 1941, p. 402.

[2] Fernand Vercauteren, « Henri Laurent, 1903-1940) », in Bulletin du Cercle des Alumni, t. 13, 1941, p. 12.

[3] Ibidem, pp. 11-12.

 

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Dernière mise à jour : 18 octobre 2011