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Famille et combats politiques

Carte postale du sanatorium universitaire de Leysin, lithographie originale d’Edm. Bille, ca. 1922, © Bibliothèque de l’ETH Zürich

En 1930, Henri Laurent épousa Harriet Moriarty (1893), une jeune universitaire américaine, diplômée de Smith College et de Middlebury, venue en Europe pour y poursuivre des recherches sur le poète belge Emile Verhaeren avec une bourse de la BAEF à l’Université de Bruxelles. Le couple eut deux enfants, Marie-Jeanne et Pierre-Henri qui firent tous deux une brillante carrière académique aux Etats-Unis après la guerre.

Henri Laurent avait été frappé très tôt par la tuberculose qu’il soigna par de fréquents séjours au sanatorium universitaire de Leysin, un microcosme intellectuel où se côtoyaient une quarantaine de jeunes patients issus de dix-huit nationalités. Il y organisa en 1931 avec le suisse Eduard Fueter, une conférence destinée à tracer le « Tableau politique de l’Europe » contemporaine, où prirent notamment la parole le suisse Gonzague de Reynold et le belge Henri De Man. Car le médiéviste Laurent était aussi un intellectuel engagé.

 

 

 

Illustration de l’article d’Henri Laurent, Qui sera dupe dans l'affaire de l'Autriche ?, dans le journal Combat du 5/03/1938

Devant la montée du fascisme et du nazisme, il prit part à la création du bimensuel bruxellois Combat, le 1er juillet 1936, au lendemain de la création du Pays Réel et de la victoire électorale du parti rexiste, le 24 mai 1936, sous la conduite de Léon Degrelle. Membre du bureau politique de ce journal antifasciste créé par Victor Larock comme un « organe d’information et de doctrine, Henri Laurent y côtoie des collègues de l’Université, comme Armand Abel et Emilie Noulet et de nombreux intellectuels antifascistes comme l’avocat et militant socialiste Pierre Vermeylen, l’écrivain Albert Ayguesparse, les journalistes Denis Marion et André Thirifays. Il y donna de nombreux articles sur la situation internationale entre 1936 et 1938. Dans les pages de Combat, ces intellectuels, qui se sont mobilisés contre la menace fasciste en Belgique et pour la défense de l’Espagne républicaine contre les rebelles et leurs soutiens internationaux, se forgent la conviction que la confrontation mondiale avec le totalitarisme au pouvoir à Berlin et à Rome est inévitable. Après la défaite en Espagne, ils y luttent contre la politique d’apaisement de la France et de la Grande-Bretagne, symbolisée par les accords de Munich et la politique de neutralité de la Belgique défendue par le roi Léopold III et ses ministres.

Alors que sa femme et ses enfants avaient gagné les Etats-Unis, Henri Laurent quitta Bruxelles en mai 1940, quelques jours avant la capitulation de l’armée belge. L’activité journalistique qu’il avait déployée au cours des dernières années « le vouait nécessairement à la haine des ennemis de la liberté et de l’équité ». Avec des compagnons de route de l’ULB, qui pouvaient comme lui craindre pour leur liberté, et souhaitaient poursuivre le combat à partir de l’Angleterre (Charles Beckenhaupt et son épouse, Werner Kamps et l’étudiant d’origine arménienne Yervant Vartanian), il embarqua avec une foule d’autres réfugiés civils et de combattants isolés par la retraite des alliés, sur le transport belge Aboukir le 27 mai 1940. Durant la nuit, tous perdirent la vie après que le bateau eût été torpillé au large d’Ostende, et que les naufragés eussent été pris sous les mitrailleuses d’une vedette lance-torpilles ennemie.     

 

 

Plaque commémorative apposée par l'Université en souvenir des membres du corps professoral disparus dans le torpillage de l'Aboukir. Patio de la Faculté de Philosophie et Lettres
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Dernière mise à jour : 4 novembre 2011