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Mariage

Passeport de Fela Perelman (1937). Fela and Chaïm Perelman papers (2006.432), United States Holocaust Memorial Museum, Washington, DC, USA.

Son épouse Fajga Estera dite Félicie ou Fela LIWER-PERELMAN [Bedzin (Pologne), 20.7.1909-Salt Lake City (Etats-Unis), 17.9.1991], avec laquelle il se maria en 1935, fut une brillante étudiante d'origine polonaise elle aussi, historienne, auteur d'une thèse de doctorat sur la Révolution belge et la Pologne en 1830 (Bruxelles, 1948) que l'Office de Publicité publiera en 1948.

 

Fela Perelman était aussi licenciée en psycho-pédagogie, une qualité qu'elle mettra à profit durant la guerre, lorsqu'elle s'occupera des écoles gardiennes où seront accueillis les enfants juifs exclus des écoles publiques en raison des ordonnances allemandes.

 

Page du carnet de mariage de Chaïm et Fela Perelman (1936). Fela and Chaïm Perelman papers (2006.432), United States Holocaust Memorial Museum, Washington, DC, USA.

Fela Perelman était née dans une grande famille juive de Lodz (Pologne). Instruite dans un gymnase hébraïque où elle parfait sa connaissance du judaïsme et de la langue de Moïse, elle vint s'inscrire, à l’âge de dix-neuf ans, à l’Université libre de Bruxelles, où elle entama des études d'histoire. Études brillantes, mais trop formelles pour elle, qui ne rêvait que d'action.

 

Historienne, elle manifestera toujours un intérêt très vif pour le passé et le présent du peuple juif.

 

Pédagogue, elle fera figurer au premier rang de ses préoccupations l'éducation, que ce soit dans les écoles qu'elle créa durant l'occupation ou dans son engagement en faveur de l'Université hébraïque de Jérusalem, à partir de 1946.

 

Son attachement fervent au judaïsme prit d'abord la forme d'un engagement résolu pour le sionisme qu'elle défendit au sein de l'Association des Étudiants juifs de l'ULB où elle fit partie du comité exécutif. Son sionisme rimait avec socialisme, un idéal auquel elle restera fidèle toute la vie, marquant toujours son aversion pour le communisme et le stalinisme. C'est en toute logique qu'à la fin de ses études, elle s'engagea aux côtés de Léon Kubowitzki au secrétariat général du Conseil des Associations juives de Bruxelles.

 

Lettre concernant les activités de l'école Nos Petits (juillet 1942). Fonds Chaïm Perelman, Archives de l'Université libre de Bruxelles, BE.ULB-ARCH/89PP 29.1

Au début de l'occupation, après son retour d'exode, elle s'occupa des colis pour les détenus de Breendonk (Belgique). C'est dans sa maison d'Uccle, acquise en 1940, que fut fondé le Comité de Défense des Juifs, à l'été 1942. C'est au CDJ que Fela confia à la fin de la même année les enfants qu'elle avait rassemblés dans les écoles Nos Petits- ouvertes au printemps 1942 pour rencontrer les exigences du quotidien -, puis cachés après que les rafles et les déportations se furent abattues sur la communauté juive de Belgique. Elle fut également durant l'occupation, à la demande d'Abusz Werber, la présidente du Secours mutuel juif, la principale émanation du Linke Poalei Zion. Dès le lendemain des hostilités, Fela Perelman s'employa à offrir un foyer et un avenir aux centaines d'orphelins de la guerre, entre autres dans le cadre de l'Alyat Hanoar. C'est au 32 de la rue de la Pêcherie aussi que prit corps le projet de créer la Jewish Refugees Welfare Society, association écran qui masquait en partie les activités de l'alya bet en Belgique. Fela Perelman fut à Bruxelles la cheville ouvrière de l'immigration clandestine vers la Palestine durant les années 1946-1948. Elle constituait en quelque sorte le représentant officieux de la Haganah, l'armée juive de Palestine, en Belgique. Grâce aux contacts qu'elle s'était ménagés durant les hostilités et l'immédiat après-guerre, Fela Perelman organisa le départ de deux bateaux chargés d'immigrants juifs vers la Palestine, dont les portes étaient encore fermées par la puissance mandataire : le Hachayal Haïvri, parti d'Anvers le 14 juillet 1947, et le Tel Chai, parti de Sète. Un troisième bateau, le Theodor Herzl, parti de Sète également, chargé de plus de deux mille passagers, fut en partie rempli des personnes déplacées que Fela emmena de Belgique au lieu d'embarquement. Sa maison de la rue de la Pêcherie devint en quelque sorte l'ambassade officieuse d'Israël au lendemain de la guerre. Et même si elle ne remplit évidemment plus ce rôle avec la création de l'État d'Israël, elle demeura un point de passage obligé pour les diplomates, les hommes politiques, les intellectuels et les artistes israéliens qui séjournaient en Belgique. C'est en grande partie à l'énergie déployée par Fela Perelman que l'association des Amis belges de l'Université hébraïque de Jérusalem, dont elle fut longtemps la secrétaire générale, doit d'être demeurée de longues années durant le relais privilégié des relations entre la Belgique et Israël.

 

Fela et Chaïm Perelman [s.d.]. Fela and Chaïm Perelman papers (2006.432), United States Holocaust Memorial Museum, Washington, DC, USA.

En juin 1967, l'élan de solidarité autour de l'État d'Israël, que l'on pensait tout d'abord gravement menacé par l'attaque des pays arabes, fut immense, et ce dans toutes les communautés juives. Les besoins d'Israël étaient alors énormes. Le Keren Hayessod - la Magbit -, l'organisme qui récoltait des fonds en faveur d'Israël, ne correspondait plus aux nécessités de l'heure. L'urgence fit naître Solidarité avec Israël, sous l'impulsion de Fela Perelman et Léon Maiersdorf. Face au danger, les clivages politiques s'estompaient. L'heure était à l'unité pour la survie d'Israël. Et en termes financiers, le résultat dépassa les espérances. Nombre de membres de la communauté juive abandonnèrent une partie de leur salaire, en juin 1967, en faveur d'Israël, et les capacités de persuasion de Fela Perelman n'y furent pas toujours pour rien.

 

Fela Perelman fut aussi un écrivain de talent, comme elle le démontra dans Le ventre de la baleine (Bruxelles, 1947): elle maniait une plume ironique, parfois acerbe, mais toujours pleine de verve. Sans doute eût-elle persévéré dans cette carrière si la panique de l'exode de mai 1940 n'avait entraîné la perte d'un manuscrit qu'elle apportait à Charles Plisnier, à Paris (France). Désespérée, elle cherchera pendant des années à retrouver le texte de ce premier roman, qui disparut à jamais dans la tourmente, emportant avec lui l'espoir d'une carrière littéraire prometteuse.

 

 

Source : SCHREIBER Jean-Philippe, « Fajga Estera dite Félicie ou Fela LIWER-PERELMAN », ds. : Dictionnaire biographique des juifs de Belgique : Figures du judaïsme belge XIXe – XXe siècle, Bruxelles, De Boeck et Larcier s.a., 2002, p. 274-275.

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Dernière mise à jour : 13 mai 2015